Nouvelle

Artiste 1

Zachary Richard et Emile présentent J'aime la vie

Pragmatique, son grand-père lui explique que pour faire un album, il faut d'abord des chansons. « Qu'aimes-tu? », lui demande-t-il, déjà à la recherche d'une idée autour de laquelle échafauder un refrain. « J'aime la vie », lui répond en toute spontanéité l'enfant avec un surprenant aplomb. En quelques minutes, une pièce prend forme autour des phrases que soumet Émile à son chanteur populaire de grand-papa. « J'aime mes amis et aller à l'école. J'aime les arbres, j'aime les fleurs. J'aime les enfants handicapés. J'aime la vie et toutes les créatures. »

Le désir de faire plaisir à son petit-fils d'un grand-père gâteau se transforme rapidement en véritable collaboration, pierre angulaire de J'aime la vie, l'album que cosignent aujourd'hui Zachary Richard et Émile. Alors que Zachary aide Émile à fouiller son cœur et à structurer sa pensée, Émile permet à Zachary d'observer le monde avec ses yeux. Il n'est pas rare d'ailleurs que le petit garçon désormais parolier, complètement transporté par le travail de création, passe un coup de fil à son grand-père afin de lui glisser à l'oreille des idées, des flashs et des réflexions, une matière première que l'auteur-compositeur sculpte sans la dénaturer.

La candeur du petit garçon handicapé par des troubles neuromoteurs – « un peu, mais pas beaucoup », précise-t-il lui-même – transcende celle des habituels mots d'enfants et s'érige en lumineuse ode à la sincérité du cœur, tout en dénotant une réelle expérience des difficultés de la vie. « L'univers, c'est les planètes et la Terre, / la noirceur et la lumière. / L'univers, c'est moi et toi et tout ce qui existe autour. / Faut remplir l'univers avec l'amour », écrivent ensemble les deux artistes, preuve que le regard simple que pose Émile sur l'existence tient surtout du salvateur refus des faux-semblants, et non pas du jovialisme.

Malgré les circonstances inusitées dans lesquelles il a été créé, J'aime la vie s'inscrit sans détoner dans la discographie de Zachary Richard: même manière de forger dans l'authenticité un folk fort de mélodies ayant la puissance de la ritournelle et la profondeur du blues, même manière d'universaliser les musiques de racines. Si bien que lorsque l'auteur-compositeur chante « J'aime la vie et je suis un petit garçon », c'est l'écho de la voix d'Émile que nous entendons dans la sienne, mais aussi celle de l'éternel petit garçon qu'est aujourd'hui, et sans doute plus que jamais, Zachary Richard.

Entre son désir d'évasion (Tigre en villeJ'voudrais me promener,L'avion) et son émerveillement devant la nature (Dans mon jardin, La mer), Émile prend le parti de l'amour comme condition et finalité de notre passage sur Terre. « J'aime la vie », chante-t-il avec son grand-père, par-delà les années qui les séparent et les obstacles qu'a placés l'existence sur son passage. Nous l'aimons pour notre part d'autant plus, la vie, depuis que ces deux-là font de la musique ensemble.